Depuis tout petit, j’ai le vertige. C’est comme ça qu’on appelle communément ma phobie. Mais, le terme « vertige » englobe différents troubles. Donc, pour être plus précis et scientifique, je suis acrophobe. C’est-à-dire que j’ai une peur relativement handicapante et irrationnelle des hauteurs. Dans cet article, je vous partage un bout de mon histoire et ma thérapie par l’escalade. Vous pouvez retrouver tous mes articles sur mon site Mr Bien Etre.
Acrophobie : le boulet qui me tire vers le sol
Enfant, j’aimais beaucoup grimper aux arbres. Mais, ce que j’appelle « grimper aux arbres » dépassait rarement la première branche. Quand mon frère, mon cousin ou mes amis me hélaient du haut des branches supérieures : « Eh Guillaume ! Regarde où je suis ! Viens voir, c’est trop beau de là-haut ! », je ne pouvais que les envier. Mon corps était incapable de monter sans s’imaginer tomber.
Je ne sais pas du tout d’où me vient cette phobie, qui me suit depuis aussi longtemps que je me souvienne. Un trouble né dans le ventre de ma mère, dans ma première année de vie ou même, un trouble issu d’un gène héréditaire de préservation apparu chez un de mes ancêtres ? Je ne saurais dire… Mais elle est bien là !
Il est très difficile d’expliquer ce que je ressens quand je me retrouve en hauteur, face au vide. Une sensation très désagréable de faiblesse. Je suis comme attiré vers la terre et le sol sous mes pieds m’apparaît comme fragile, presque inexistant. Je me vois passer à travers, je me vois tomber, sans vraiment me voir. C’est une sensation, une projection. Comme pour me préparer à l’impact imaginaire, mon corps se raidit de mes orteils jusqu’au bout de mes cheveux. Tous mes muscles sont contractés et je perds ma capacité de mouvement en même temps que ma lucidité. La panique prend rapidement le dessus.
Dans cette situation, je ne vis plus. Je suis figé et incapable de gérer mon corps, comme un pantin de ma propre réalité. Oui, c’est irrationnel ! C’est une des caractéristiques des phobies. C’est la raison pour laquelle je devais faire quelque chose. J’ai décidé de faire front : apprendre à connaître ma phobie, apprivoiser ses sensations, mieux la comprendre. Non pas lutter, mais accepter pour surmonter. Recevoir ce signal comme un système de préservation et montrer à mon corps que le danger n’est pas imminent.
L’escalade : ma solution pour surmonter mon vertige
C’est mon frère qui m’a poussé à tester l’escalade : « Allez Guillaume, viens, on va grimper ! Tu vas voir, c’est super. » Il avait commencé l’escalade de bloc depuis quelques mois. Au fond de moi, j’étais partagé entre l’envie de m’amuser et la peur d’avoir peur. Après avoir résisté à quelques demandes insistantes, j’ai choisi le jeu. Je devais savoir s’il en valait la chandelle ! Je n’ai pas été déçu.
Le bloc a cette particularité de ne pas vous obliger à monter très haut. On s’amuse à 2 mètres comme à 4. On apprend à gérer ses mouvements et ses sensations en hauteur, un peu moins près du sol. Lors de ma première séance, mes muscles étaient tellement tendus par la peur de tomber que je me suis senti épuisé après trois voies. L’effort était autant musculaire que nerveux et psychologique. Une superbe expérience. J’avais trouvé une solution pour surmonter mon vertige.
J’y suis retourné. Encore une fois. Puis une autre. A chaque séance, je montais un peu plus haut, avec plus d’aisance. Mes tremblements de peur se changeaient en tremblements d’excitation : « Celle-là, je vais la passer ! » Un challenge contre ma phobie, un défi de performance. Progresser, grandir, apprendre, évoluer : tout ce que j’aime et qui me motive.
Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. Je surmonte peu à peu mon vertige. La dernière fois que je suis allé à l’escalade, j’ai terminé une voie encordée à 8 mètres de haut. Une grande victoire pour moi ! Mon corps tremblait de peur, mais j’ai su aller au bout en contrôlant ma respiration. Je vous l’accorde, je soufflais comme un bœuf… Mais personne ne pouvait m’entendre là-haut. 😉
Mon prochain défi ? Les murs de 15 mètres qui jouxtent ceux de 8. Le simple fait de les regarder me donne des frissons. Peur ? Excitation ? Peut-être un peu des deux…