🆚 Différence entre grimpe en tête et en moulinette

La signification des expressions utilisées en escalade n’est pas toujours facile à deviner. Si vous débutez, il est important de comprendre la différence entre grimpe en tête et en moulinette. On vous explique ce que veulent dire ces expressions et quelles sont leurs spécificités.

Grimper en moulinette

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Lorsqu’on grimpe en moulinette, cela veut dire que notre corde est accrochée à un relais tout en haut de la voie. On dit qu’on est assuré par le haut. Cela veut dire que la corde est toujours au dessus du grimpeur. Il n’a donc pas besoin d’utiliser d’autre matériel ni de se soucier de son assurage.

L’assureur se trouve au pied de la voie. Il n’y a pas de difficulté particulière puisqu’il avale le mou au fur et à mesure que son grimpeur monte. Ainsi, les chutes sont assez douces car la corde n’a pas beaucoup de mou.

Les précautions à prendre

Avant de démarrer, vous devez vous assurer que la corde est correctement passée dans le relais. Dit comme ça, ça paraît un peu bête, mais on n’est jamais trop prudents.

Ensuite, comme toujours, vous devez vérifier que vous et votre assureur êtes bien attachés. C’est ce qu’on appelle la vérification mutuelle.

Pour le grimpeur, il y a deux éléments à vérifier. Évidemment, il faut que le nœud de huit soit bien réalisé. Il faut aussi que la corde passe par les deux pontets du baudrier. Pour l’assureur, il faut vérifier que la corde passe correctement dans le système d’assurage et que ce dernier est attaché au baudrier avec un mousqueton sécurisé. Pour ces règles de sécurité, il n’y a pas de différence entre grimpe en tête et en moulinette. Il faut toujours les appliquer et les respecter.

👍 Les pour… et les contre !

Lorsqu’on grimpe en moulinette, on voit que la corde est au dessus de nous. On ne va pas se mentir, c’est carrément rassurant et ça minimise beaucoup la peur de la chute. Si vous débutez et que vous avez le vertige, grimper en moulinette peut vous permettre de vous habituer à la hauteur et à la sensation de vide. C’est une entrée en matière tout en douceur, avec très peu de risques.

Pour certains grimpeurs, les avantages qu’on vient de vous citer sont des désavantages. Ils estiment que l’on peut prendre des mauvaises habitudes. C’est-à-dire s’habituer à être assuré par le haut, relativement sec. Même en cas de chute, on descend peu puisque la corde a très peu de mou.

C’est super pour le côté « rassurant », mais un peu moins pour surmonter ses peurs. Et oui, comme on est assuré plutôt sec, la vraie chute, on ne connaît pas. On vous le détaillera plus bas, mais la différence entre grimpe en tête et en moulinette est que la corde a beaucoup plus de mou en tête. Donc la chute, ça fait beaucoup plus peur !

Mais comme tout le reste, ça s’apprend. Il faut s’entraîner à chuter comme on s’entraîne à grimper. D’où l’importance de ne pas grimper seulement en moulinette, mais aussi en tête.

Grimper en tête

Qu’est-ce que ça veut dire ?

La différence entre grimpe en tête et en moulinette vient de l’assurage. Quand on grimpe en tête, on contribue à l’assurage en plaçant la corde dans des dégaines successives, fixées à la paroi. Contrairement à la grimpe en moulinette, il n’y a donc pas de corde déjà installée sur la voie. Le grimpeur part d’en bas avec la corde. Au fur et à mesure qu’il grimpe, il clippe sa corde dans les dégaines.

Si vous grimpez en salle, les dégaines sont déjà placées sur le mur, à environ 1 mètre 50 les unes des autres. Vous n’avez qu’à suivre votre chemin et placer la corde dans les dégaines jusqu’à arriver au sommet.

Si vous grimpez en falaise, vous allez devoir installer vos propres dégaines. La plupart du temps les voies sont déjà équipées de points d’ancrage sur lesquels vous allez placer vos dégaines. Ces points d’ancrage sont aussi appelés des spits. Ils sont constitués d’une plaque métallique fixée à la paroi grâce à une cheville.

Les précautions à prendre

Comme pour la grimpe en moulinette, il faut respecter les règles essentielles de sécurité. L’assureur et le grimpeur doivent tous deux vérifier que chacun s’est correctement équipé.

L’expérience et les compétences d’assurage font la différence entre grimpe en tête et en moulinette. Un assureur débutant peut facilement assurer quelqu’un en moulinette. Pour la grimpe en tête, il y a quelques notions indispensables à connaître.

Au départ de la voie, l’assureur doit parer le grimpeur jusqu’à qu’il ait réussi à clipper la corde. L’assureur est presque collé au grimpeur, les bras levés, prêt à amortir son camarade s’il chute avant d’avoir pu clipper sa corde à la première dégaine. Dès que le premier point d’ancrage est atteint et la corde correctement accrochée, l’assureur doit attraper la corde et avaler le mou de trop.

Il faut être constamment vigilant. Le début de la voie est le moment le plus risqué. Le grimpeur n’est pas très haut, et entre le mou et l’élasticité de la corde, la hauteur de chute peut être élevée. Plus on est près du sol et de son assureur, plus on a de risque de venir les toucher en chutant. Soyez attentifs l’un à l’autre pour appréhender la chute le mieux possible.

Pendant l’ascension, l’assureur donne du mou au grimpeur pour qu’il puisse continuer à monter. Il doit toujours avoir les yeux sur son grimpeur pour vérifier qu’il a suffisamment de corde pour grimper et pour clipper à la prochaine dégaine.

Pour le grimpeur, la règle essentielle à respecter est la manière de placer la corde sur la dégaine. Il faut toujours que le brin de corde qui va vers l’assureur soit contre la paroi. Le brin de corde qui va vers le grimpeur est celui qui sort de la dégaine à l’opposé de la paroi.

Pourquoi cela ? Pour la simple et bonne raison qu’en chutant, on s’éloigne de la paroi. En conséquence, si la corde sortait de la dégaine vers la paroi et non vers le grimpeur, en chutant, il y aurait une chance (ou plutôt une malchance…) que la corde ouvre le doigt du mousqueton et en sorte. Et là, c’est le drame.

Si vous grimpez en extérieur et que les dégaines ne sont pas encore placées sur les spits, faites bien attention à placer le mousqueton au doigt droit côté spit (en haut) et le mousqueton au doigt coudé pour accueillir la corde (en bas).

Un élément à prendre en compte lorsqu’on pratique la grimpe en tête est la différence de poids entre assureur et grimpeur. En cas de chute, un assureur plus léger aura tendance à décoller et à venir taper la première dégaine. Il existe des solutions pour contrer cet effet, si vous voulez en savoir plus on vous invite à lire notre article sur l’écart de poids maximum entre assureur et grimpeur.

L’assureur doit aussi maîtriser l’assurage dynamique pour que la chute de son grimpeur soit la plus douce possible.

👍 Les pour… et les contre !

Pour beaucoup de grimpeurs, l’escalade se pratique forcément en tête. En falaise, c’est très rare qu’il y ait déjà une corde sur la voie qui nous permette de grimper en moulinette. Il peut arriver qu’on puisse atteindre le sommet de la voie à pied pour y placer une corde. Mais la plupart du temps, il faut qu’un premier grimpeur monte en tête pour pouvoir placer la corde et permettre aux suivants de grimper en moulinette.

Au-delà de ça, ce qui fait la différence entre grimpe en tête et en moulinette, c’est le niveau de difficulté ressenti pour chaque voie. Quand on grimpe en moulinette, on suit notre petit chemin tranquillement, au grès des prises. Quand on grimpe en tête, on doit s’assurer au fur et à mesure. Pour pouvoir attraper la corde et la clipper, il faut se stabiliser et être suffisamment à l’aise sur ses jambes et sur une main pour libérer l’autre et clipper. On ne peut pas enchaîner les mouvements sans s’arrêter. Cela demande davantage de technique et c’est une difficulté supplémentaire.

Les sensations sont aussi différentes. On a beau avoir l’habitude de grimper en tête et ne plus avoir peur de la chute, notre cerveau va forcément trouver cette situation plus risquée que la grimpe en moulinette. C’est psychologique, c’est plus fort que nous. Certains trouvent cet aspect indispensable car il nous pousse à nous dépasser et à sortir de notre zone de confort. D’autres ne voudront pas grimper en tête car trouvent cette pratique trop risquée.

Chacun voit midi à sa porte, on ne devrait pas juger la façon de grimper des uns et des autres. Le principal c’est d’être à l’aise et surtout, de se faire plaisir. On a tous nos objectifs et nos raisons de grimper. Si on veut rester en moulinette, qu’on se sent en sécurité et qu’on prend du plaisir, aucune raison de changer. La grimpe en tête peut devenir un challenge, un objectif, mais ce n’est en aucun cas une obligation.

Résumé : différence entre grimpe en tête et en moulinette

Si vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est qu’en tête le grimpeur s’assure lui-même au fur et à mesure, alors qu’en moulinette la corde est accrochée à un relais au sommet de la voie. Les techniques d’assurage ne sont pas les mêmes et demandent plus de compétences en escalade en tête.

Maintenant que vous connaissez la différence entre grimpe en tête et en moulinette, nous avons simplement envie de vous dire que, peu importe la façon dont vous grimpez, le tout est de rester en accord avec soi-même, ses objectifs et de se faire plaisir ! Oui, on l’a déjà dit, mais on ne le répétera jamais assez. 😉