« Light » est un film documentaire sur les troubles alimentaires en escalade réalisé par Caroline Treadway. En 46 minutes, il retrace différentes expériences vécues par des grimpeurs américains de haut niveau. Laissez-vous porter par ces témoignages touchants, qui permettent de mettre des mots sur un sujet encore tabou.
Quelques mots à propos de la réalisatrice
Caroline Treadway est une grimpeuse, photographe et rédactrice.
En 2010, elle obtient son master de journalisme à l’Université de Boston. Elle est aujourd’hui la productrice exécutive de Lilum Pictures, une société de production cinématographique spécialisée dans les films sur l’aventure et la science.
Caroline Treadway se livre dans son film et nous donne son propre vécu face aux troubles alimentaires. L’escalade l’a aidée à manger plus. Elle confie : « My entire world changed » … Grimper lui a permis de se sentir mieux dans son corps, de l’accepter, et d’en être fière. D’ailleurs, elle nous fait part dans son documentaire d’un rêve, qui était de devenir grimpeuse professionnelle.
« Light » : un film documentaire sur les troubles alimentaires en escalade
« Light » est un film documentaire sur les troubles alimentaires en escalade. Il retrace les expériences d’athlètes de haut niveau et leur vécu face aux troubles alimentaires. Le documentaire décrit la propre histoire de Caroline Treadway, ainsi que celles de grands grimpeurs américains comme Emily Harrington, Angie Payne, Kai Lightner et Andrea Szekely.
Dans une discipline sportive où l’objectif est de progresser le plus loin possible sur une paroi verticale, la nourriture occupe une place importante, notamment à haut niveau. La course au poids est alors lancée. Pour y parvenir, ces grimpeurs racontent comment ils en sont arrivés à se priver de nourriture, puis peu à peu tombés dans un cercle vicieux.
🍎 Les troubles alimentaires
À la fin des années 1800, le médecin britannique William Gull invente le terme « d’anorexie mentale », qui se caractérise par un refus de maintenir un poids normal, visant à perdre du poids intentionnellement ou à ne pas en prendre.
D’après lui, cela affecte principalement les jeunes femmes âgées de 16 à 23 ans, mais aussi les hommes.
Selon le docteur Jennifer Gaudiani MD, interviewée dans le film :
« Les troubles alimentaires ont le potentiel d’être plus puissants que l’amour d’une famille ou de Dieu. »
Dr. Jennifer Gaudiani MD
Elle les compare à « un partenaire violent qui est constamment dans la tête ». Les troubles alimentaires peuvent voler des années de vie à quelqu’un et elle considère que la « culture » du régime alimentaire contribue dramatiquement à leur incidence.
Nous pouvons comparer les troubles alimentaires à une spirale infernale. Ce besoin constant de perdre du poids est accompagné d’une grande culpabilité lorsque l’on fait un écart sur sa nourriture. L’anorexie mentale conduit souvent à une dépression et à une perte de confiance en soi. C’est comme si elle enfermait ses victimes dans une pièce, où la sortie n’est pas ou difficilement accessible. Peut-être pouvons-nous parler de « prison mentale » ?
Pour le docteur Gaudiani MD, il est tout à fait possible d’en guérir. Ce processus peut être long et difficile, mais pas impossible. Elle nous explique que lorsqu’une personne réussit à s’en sortir, sa vision de la vie devient meilleure et elle peut enfin vivre librement.
Les troubles alimentaires ne touchent pas seulement les sportifs, toute personne peut y être confrontée.
🚹 Un sujet rarement évoqué par la communauté masculine
Caroline Treadway affirme que les hommes souffrent autant que les femmes de troubles alimentaires, mais ils en parlent tout simplement moins. Lorsqu’elle a demandé à des grimpeurs (hommes) d’apparaître devant les caméras, seul Kai Lightner a accepté d’évoquer son expérience.
Est-ce un sujet plus tabou chez les garçons ? Selon Kai, oui. Il dit que pour pouvoir parler de ces choses-là, il faut admettre que l’on est vulnérable. « Et c’est une chose très difficile à admettre pour un garçon dans la société », explique-t-il.
Voilà quelques unes de ses paroles qui nous permettent de comprendre un peu plus en profondeur cette pensée :
« Pour les hommes, le problème de parler des troubles alimentaires est qu’il faut admettre que l’on est vulnérable. C’est une chose très difficile pour beaucoup d’hommes dans la société. Et donc nous devons démentir cette association selon laquelle être vulnérable signifie être faible parce qu’il n’y a rien de faible à demander de l’aide. En fait, je pense que c’est probablement l’une des choses les plus fortes que vous pouvez faire. Et une fois que nous aurons dépassé cela, je pense que nous pourrons avoir un dialogue plus ouvert (…). »
Kai Lightner
Nous pouvons nous demander pourquoi un garçon devrait avoir plus honte qu’une fille de parler de ces choses-là ? Nous sommes tous à la même échelle, avec des sentiments, des doutes, des angoisses.
Retrouvez l’intégralité de ce témoignage poignant sur son blog. 😉
💬 Quelques exemples de témoignages
Voici quelques exemples de témoignages qu’on peut trouver dans ce film documentaire sur les troubles alimentaires en escalade. Ils illustrent la mentalité de « la culture de l’escalade » face au rapport poids / nourriture / entraînement, mais aussi une partie du processus de guérison. 🙂
Emily Harrington nous explique qu’elle savait que ce qu’elle faisait n’était pas sain, mais de bonnes choses venaient à elle, comme gagner une compétition. Donc pourquoi changer ses habitudes lorsque quelque chose vous réussit ?
« Vous vous privez, vous vous affamez, vous vous entraînez dur et puis vous envoyez. Et c’était la mentalité de l’époque. »
Emily Harrington
Angie s’identifie à de l’eau s’écoulant sur la roche :
« Je me souviens encore d’un moment où je grimpais, où j’étais vraiment légère et où j’avais l’impression d’être de l’eau sur la roche. Coulant sur le rocher avec tant de facilité et de légèreté. »
Angie Payne
Il y avait aussi un refus de voir la réalité, alors elles prétendaient que tout allait bien. L’objectif était de devenir plus fortes, de s’entrainer toujours plus, peu importaient les circonstances. Elles atteignaient leurs buts, mais au prix de leur santé.
« La culture de l’escalade, qui fait en quelque sorte l’éloge d’un entrainement plus dur, de la privation, de la perte de poids, de la nécessité de devenir aussi mince que possible pour pouvoir envoyer, pour pouvoir réussir. J’ai l’impression que c’est le type de culture dans laquelle j’ai été élevée. (…) Et je pense qu’il y a là un niveau de traumatisme pour moi. Parce qu’on m’a enseigné pendant tant d’années que c’était le passage vers le succès et que c’était comme ça que l’escalade devait être, et que c’était comme ça que ça devait être. »
Emily Harrington
« Et c’est ainsi que Freaks* est devenu une sorte d’évasion pour moi. Ce que je voulais vraiment faire, c’était de ne pas perdre de poids pour réussir le bloc. (…) Je ne voulais pas perdre un seul gramme pour le faire parce que je savais que je retomberais dans ce cycle malsain (…) Et je l’ai fait en gardant un poids idéal, sans en perdre. Et cela a été un grand succès pour moi. »
* Freaks of the Industry est un bloc en extérieur côté 8b situé dans les montagnes rocheuses du Colorado.
Angie Payne
Regarder le documentaire « Light »
Je vous conseille vivement de prendre un peu de votre temps pour regarder ce film documentaire sur les troubles alimentaires en escalade ! En plus d’être intéressant, il soulève beaucoup de questions importantes auxquelles, je pense, nous devrions prendre le temps de réfléchir. Un grand merci à Caroline Treadway !
Vous retrouverez le film en intégralité juste en dessous 👇
Alors, à vos popcorns 🍿 !
🗣️ Langue : audio anglais, sous-titres disponibles en français.
⌛ Durée : 46 min
📺 Teaser : https://www.youtube.com/watch?v=GZL_JgYDPkI