Si l’escalade est globalement une activité intense pour notre corps, elle est d’autant plus traumatisante pour nos doigts. Utilisés dans les tâches du quotidien, nos doigts ne sont pas naturellement adaptés à supporter de lourdes charges, comme le poids de notre corps tout entier ! Il est donc important d’en prendre soin, afin d’éviter l’apparition d’une lésion des poulies digitales.

Les poulies ? Késako ?!

Non, on ne parle pas ici du système permettant de soulever des charges avec une roue et une corde… Bien que le sujet ne soit pas si étranger au monde de la grimpe ! 😉

Pour permettre l’enroulement des doigts, les tendons passent dans un canal ostéo-fibreux : le canal digital. En arrière, celui-ci est constitué par le squelette : les phalanges. En avant par des anneaux fibreux : les fameuses poulies !

Pour faire simple, les poulies sont des sortes de petites gaines qui plaquent les tendons contre le squelette, assurant amplitude et force.

Lésion des poulies - Doigt sain
Tendon passant dans des poulies saines

Qu’est-ce qu’une lésion des poulies ?

Et bien lorsque les poulies sont distendues (lésion partielle) ou sectionnées (lésion totale), les tendons, lors de la flexion du doigt, s’éloignent du squelette et se plaquent en avant contre la peau provoquant une perte d’amplitude et de force.

En cas de rupture totale, on observe une “corde d’arc” sur le doigt en question. La poulie lésée ne remplissant plus son rôle de gouttière, lorsque nous plions le doigt, le tendon s’éloigne radicalement du squelette, effaçant ainsi l’angle normal formé par la pliure.

Lésion des poulies - Doigt lésé
Tendon ne pouvant pas passer dans les poulies lésées

Note : le majeur et annulaire sont les doigts les plus touchés par les ruptures de poulies.

Rassurez-vous, comme toute blessure, il est possible de s’en prémunir au mieux.

8 conseils pour éviter une lésion des poulies

Surveillez votre hygiène de vie

  1. Hydratez-vous suffisamment ! L’erreur que nous avons tous commise est d’attendre d’avoir soif pour aller boire de l’eau… Et bien, faites en sorte de laisser ce comportement derrière vous ! Buvez souvent en petite quantité, votre corps vous remerciera en vous donnant plus de force et de robustesse.
  2. Évitez de consommer des substances excitantes (café, alcool, boissons énergisantes, tabac, drogues) aux abords de vos créneaux d’entraînement. Elles nuisent à une bonne vascularisation de votre organisme.
  3. Surveillez votre alimentation. Mangez équilibré avant tout. Trop de protéines fragilisent vos tendons et trop de glucides et pas assez de lipides favorisent les inflammations. Tout est une affaire de dosage et cela doit bien entendu se faire naturellement en mangeant de tout ! On ne vous dit pas ici de tout compter dans votre assiette.
  4. Prenez conscience que vos doigts peuvent être sur-sollicités en dehors de l’escalade lors d’activité manuelle et qu’une fragilité peut s’installer en dehors de la grimpe.
  5. Ne forcez pas si vous sentez des douleurs tendineuses dans vos doigts. Votre corps vous fait signe, écoutez-le ! Les tendinites ont tendance à gonfler vos tendons qui vont davantage frotter et abîmer vos poulies.
  6. On ne vous le dira jamais assez… DORMEZ ! Le manque ou la mauvaise qualité de sommeil sont des facteurs de blessure. Un corps fatigué est un corps fragile.
  7. Attention à votre hygiène dentaire ! Nous voyons de plus en plus l’information circuler, selon laquelle l’hygiène dentaire est. Pour faire simple, notre bouche contient de nombreuses bactéries. Si on ne prend pas suffisamment soin de nos dents, ces bactéries prolifèrent et causent des gingivites. Ces inflammations des gencives sont à l’origine de saignements qui font passer les bactéries dans la circulation sanguine ayant un impact sur notre santé et forme physique. Vous en saurez plus sur l’importance de l’hygiène dentaire dans l’article de Mr. Bien Être “Hygiène dentaire : comment vos dents vous fragilisent“.
  8. Les maladies de manière plus globales sont responsables d’un affaiblissement de notre organisme, multipliant ainsi les risques de blessures.

Prenez le temps de vous échauffer

En escalade, un mauvais échauffement est à l’origine de tellement de blessures qui auraient pu être évitées. C’est d’autant plus le cas des doigts qui sont trop souvent négligés, alors que l’effort demandé est intense. Des doigts mal échauffées sont plus facilement sujets à une lésion des poulies.

Vous trouverez d’ailleurs ici un programme d’échauffement spécial grimpeur élaboré par l’équipe Climb Camp !

Comment diagnostiquer une lésion des poulies ?

Cependant, si l’échauffement réduit grandement les risques de blessure, cela peut toujours arriver sur un mauvais mouvement !

Vous vous êtes blessé au doigt et espérez que cela n’est pas grave ?! Nous vous listons les symptômes caractéristiques de cette lésion :

  • Vous vous êtes blessé suite à un jeté ou une forte pression en position “tendue”, “arquée” ou encore “crochée” ? Il s’agit des deux types de mouvement principaux provoquant une lésion des poulies.
  • Vous avez entendu et ressenti un “clac” dans votre doigt sur un mouvement ? Ce bruit est facilement audible, il traduit la rupture d’une poulie.
  • Vous avez mal quelque part lorsque vous exercez une pression sur les côtés ainsi que sur la face palmaire de votre doigt ?
  • Vous avez mal à froid ? Après une lésion de ce type, on peut généralement continuer de grimper un peu et ce n’est qu’après l’activité que la douleur est plus vive.
  • Vous remarquez un gonflement de votre doigt ? Un œdème et un hématome peuvent apparaître suite à la lésion.
  • Vous ne parvenez pas à plier autant le doigt qu’avant ? Les poulies assurant un bon placement des tendons, une grosse lésion peut vous empêcher de plier le doigt comme avant.
  • Vous observez une “corde d’arc” en pliant votre doigt ? Comme nous l’avons vu précédemment, cette observation ne trompe pas, il s’agit ici d’une rupture totale d’une poulie, on vous explique la marche à suivre en dessous. Ce n’est pas drôle, mais rassurez-vous personne n’en est mort… 🤕

Notez cependant que tout diagnostique personnel que vous effectuerez ne vaut pas l’avis d’un professionnel de la santé.

Comment traiter une lésion des poulies ?

Le verdict est tombé, vous vous êtes lésé les poulies, bienvenue au club ! Deux possibilités s’offrent donc à vous, en fonction de la gravité de la lésion :

Lésion partielle

Jackpot ! Un peu de bonheur dans votre malheur. Dans ces cas là, votre meilleur ami sera LE REPOS !

  1. Arrêtez de grimper pendant 45 jours.
  2. Plongez votre doigt dans un bain glacé quotidiennement.
  3. Attachez votre doigt lésé avec le doigt voisin afin de limiter sa sollicitation dans les activités quotidiennes.

Lésion totale

Ce n’est pas de chance. 😢

Consultez impérativement votre médecin qui vous guidera dans la démarche médicale à suivre. Ce dernier va vous orienter vers un spécialiste, et faites-vous à l’idée que seule une petite opération chirurgicale pourra vous réparer.

Quelle que soit la gravité de la lésion, quand viendra le moment de grimper à nouveau : soyez progressif ! Adaptez vos mouvements de manière à ne pas maltraiter votre doigt qui vient tout juste de reprendre du poil de la bête.

Les conséquences d’un mauvais traitement…

Lésion des poulies - conséquences d'un mauvais traitement

On peut avoir de nombreuses raisons de ne pas prendre en considération une lésion des poulies. On peut penser que ce n’est pas grave, se dire qu’on ne va pas arrêter de grimper pour si peu, penser que ça va se réparer tout seul, ne pas avoir la patience de se reposer suffisamment longtemps…

Mais ces raisons ne laisseront plus tard que place à des regrets car un traitement mal suivi engendre des risques :

  1. Une perte d’amplitude. Il est possible que vos tendons ne se fléchissent plus autant sur le doigt lésé, empêchant de plier son doigt autant qu’avant.
  2. Une perte de force. Qui dit poulie distendue dit tendon mal maintenu contre l’os. Ainsi, la force de vos muscles fléchisseurs sera diminuée.
  3. Votre corps aura tendance à vouloir compenser votre manque de force avec votre autre main, cela parait logique. Attention aux blessures miroirs !
  4. Des douleurs résiduelles et chroniques. Là, rien ne va plus : un mauvais traitement de lésion des poulies peut engendrer des douleurs permanentes et invalidantes au quotidien.
  5. Des récidives et aggravation de la lésion. Une rupture de poulie est un terrain propice à de nouvelles. Traitez-les donc bien afin qu’elles ne soient pas à l’origine d’un cycle de blessures.

Efforcez-vous d’appliquer au maximum ces quelques conseils pour vous prémunir de la lésion des poulies, car une fois le diagnostique tombé, le traitement n’est pas une partie de plaisir. Suivez soigneusement la marche à suivre pour retrouver votre meilleure forme de grimpeur ! 💪